38835.fb2 Le d?ner des ex - читать онлайн бесплатно полную версию книги . Страница 23

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À vingt-quatre ans, l'orchestre philarmonique de B. me proposa un contrat de trois mois, que j'acceptai. Je partis donc vivre là-bas. Chaque matin, je me rendais à l'Opéra où se tenaient les répétitions. Un autre jeune chef, Stéphane R., m'aidait à monter le programme, que j'ai gardé en mémoire puisqu'il s'agissait d'un de mes premiers concerts.

Une sonate de Schmelzer, une chaconne de Vincentello, un divertimento de Bononcini pour la première partie ; la deuxième comprendrait la BWV 1034, en mi mineur, une sonate de Frescobaldi, suivie d'une suite de Marais. Comme instrumentistes, Sophie I., Claude H. et Françoise de B. s'imposaient à la flûte à bec, Marina M. au clavecin, Juliette O. au traverso. Stéphane insistait pour que je prenne Charles F. au théorbe. Je n'étais pas d'accord, le trouvant terne, sans profondeur ; je lui préférais Louis J. qui malgré une technique parfois défaillante, se montrait plus sensible et qui depuis, a pris l'essor que l'on sait.

Ce fut à cette époque que je fis la connaissance d'Isabelle T., gambiste virtuose, petite femme ronde au visage enfantin. Depuis, elle est devenue une amie.

Je me souviens de la première fois que je vis Manuel et sa femme. Je dînais en terrasse avec Stéphane et Isabelle ; il faisait bon, les gens flânaient dans les rues, et nous parlions du concert à venir.

Au loin, je vis deux silhouettes fendre la foule des passants ; lui d'abord : élancé, élégant, cheveux gris coiffés en arrière ; elle ensuite à son bras, une robe rose mettant en valeur chaque courbe de son corps. D'origine Scandinave, elle possédait la haute stature des femmes du Nord, des yeux bleu Viking et de courts cheveux platine. Ils formaient un couple superbe. Isabelle me vit les regarder. Elle s'approcha de mon oreille pour chuchoter :

— Ce sont Manuel et Nadège N.

Stéphane admira la jeune femme blonde. Pas un regard mâle n'avait su résister à l'appel de sa croupe. Tandis qu'ils s'éloignaient et que nous les vîmes disparaître au coin de la rue, Stéphane leur trouva l'air malsain. Isabelle nous apprit qu'il s'agissait d'un riche banquier et de son épouse, personnalités respectées de la ville car elles apportaient un soutien financier à bon nombre de concerts. M. et Mme N. possédaient une belle villa sur les hauteurs et ne manquaient jamais un événement culturel.

Selon Isabelle, je ne devrais pas tarder à faire leur connaissance.