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LE MAITRE DIT :
« Dorénavant, et pour quelques centaines d’années, l’univers va boycotter tous ceux qui ont des opinions préconçues.
« L’énergie de la terre exige d’être renouvelée. Les idées nouvelles ont besoin d’espace. Le corps et l’âme ont soif de nouveaux défis. L’avenir frappe à notre porte, et toutes les idées – excepté celles qui reposent sur des préjugés – auront une chance de se manifester.
« L’important demeurera, l’inutile disparaîtra. Mais que chacun se contente de juger ses propres conquêtes : nous ne sommes pas juges des rêves de notre prochain.
« Pour avoir foi dans notre propre chemin, il n’est nul besoin de prouver que celui de l’autre n’est pas le bon. Celui qui agit ainsi n’a pas confiance en ses propres pas. »
LA VIE EST A L’IMAGE d’une grande course cycliste dont le but est pour chacun l’accomplissement de sa Légende Personnelle.
Sur la ligne de départ, nous sommes tous animés par les mêmes sentiments de camaraderie et d’enthousiasme. Mais, à mesure que la course se déroule, la joie initiale fait place aux vrais défis : la fatigue, la monotonie, les doutes sur nos capacités... Nous constatons que certains amis ont renoncé à relever le défi – ils courent encore, mais seulement parce que l’on ne peut pas s’arrêter au beau milieu d’une route. Ils sont nombreux, ils pédalent à côté de la voiture de secours, ils bavardent entre eux, ils accomplissent un devoir.
Nous finissons par prendre nos distances ; alors, il nous faut affronter la solitude, l’imprévu qui surgit des virages inconnus, les difficultés matérielles causées par notre bicyclette. Finalement, nous nous demandons si tout cet effort vaut vraiment la peine.
Oui, il en vaut la peine. Simplement, il ne faut pas renoncer.
LE MAITRE traverse avec son disciple le désert d’Arabie. Il met à profit chaque moment du voyage pour lui enseigner ce qu’est la foi. « Ayez confiance en Dieu, dit-il, Dieu n’abandonne jamais Ses enfants. »
Un soir, au campement, il demande au disciple d’aller attacher leurs montures à un rocher voisin. Le disciple se souvient alors des enseignements de son maître. « Il est en train de me mettre à l’épreuve, pense-t-il. Je dois confier les chevaux à Dieu. » Et il laisse les bêtes en liberté.
Le lendemain matin, il découvre qu’elles se sont enfuies. Révolté, il va trouver son maître.
« Vous n’entendez rien à Dieu, s’exclame-t-il. Je Lui ai confié la garde des chevaux, et les animaux ne sont plus là !
— Dieu voulait prendre soin des chevaux, rétorque le maître. Mais, à ce moment, Il avait besoin de vos mains pour les attacher. »
« IL SE PEUT QUE Jésus ait envoyé en Enfer certains de ses disciples pour sauver des âmes, dit John. Même en Enfer, tout n’est pas perdu. »
Cette idée surprend le voyageur. John est pompier à Los Angeles et c’est son jour de congé.
« Pourquoi dites-vous cela ? s’étonne le voyageur.
— Parce que j’ai déjà vécu l’enfer sur cette Terre. Je pénètre dans des bâtiments en flammes, je vois des gens désespérés qui tentent de s’échapper, et il m’est très souvent arrivé de risquer ma vie pour les sauver. Je ne suis qu’une particule dans cet immense univers, forcé d’agir en héros au milieu de tous les enfers de feu que j’affronte. Si moi, qui ne suis rien, je parviens à agir de la sorte, imaginez ce que Jésus a dû faire ! Je suis sûr que certains de ses apôtres se sont infiltrés en Enfer pour y sauver des âmes. »
LE MAITRE DIT :
« Dans la plupart des civilisations primitives, on avait coutume d’enterrer les morts en position fœtale. « Il naît à une nouvelle vie, donc nous devons le placer dans la position qui était la sienne quand il est venu au monde », pensait-on. Pour ces civilisations, la mort n’était qu’un pas de plus sur le long chemin de l’univers.
« Peu à peu, le monde a perdu cette vision paisible de la mort. Mais qu’importe ce que nous pensons, ce que nous faisons, ce en quoi nous croyons : nous mourrons tous un jour.
« Il vaut mieux, comme les vieux Indiens Yaquis, prendre la mort pour conseillère. Et toujours nous demander : « Puisque je vais mourir, que dois-je faire maintenant ? »
LA VIE, ce n’est pas demander ou donner des conseils. Si nous avons besoin d’aide, il est préférable d’observer comment les autres résolvent – ou échouent à résoudre – leurs problèmes.
Notre ange est toujours présent, et très souvent il se sert des lèvres d’autrui pour nous dire quelque chose. Mais il s’adresse à nous de manière fortuite, en général au moment où, bien qu’attentifs, nous ne laissons pas nos préoccupations troubler le miracle de la vie.
Laissons notre ange nous parler de la manière qui lui est coutumière, quand il pense que c’est nécessaire.
Le maître dit :
« Les conseils sont la théorie de la vie. La pratique est, en général, très différente. »
UN PRETRE du Renouveau charismatique de Rio de Janeiro voyageait dans un autocar quand il entendit une voix lui enjoignant de se lever sans attendre et de prêcher la parole du Christ. Le prêtre se mit à converser avec la voix :
« On va me trouver ridicule, ce n’est pas un endroit pour un sermon. »
Mais la voix en lui insistait : il devait prendre la parole.
« Je suis timide, je vous en prie, ne me demandez pas cela », implora-t-il.
L’impulsion intérieure persistait.
Alors il se rappela sa promesse : accepter tous les desseins du Christ. Il se leva, mourant de honte, et commença à parler de l’Evangile. Tous l’écoutèrent en silence. Il observait chacun des passagers, et rares étaient ceux qui détournaient le regard. Il dit tout ce qu’il ressentait, termina son sermon et retourna s’asseoir.
Il ne sait toujours pas aujourd’hui quelle mission il a accomplie ce jour-là. Mais il a la certitude absolue d’avoir accompli une mission.
UN SORCIER AFRICAIN conduit son apprenti dans la forêt. En dépit de son âge, il marche avec agilité, tandis que l’apprenti glisse et tombe à tout instant. Celui-ci blasphème, se relève, crache sur le sol qui le trahit, mais continue à suivre son maître.
Après avoir longtemps marché, ils arrivent dans un lieu sacré. Sans même s’arrêter, le sorcier fait demi-tour et reprend la route en sens inverse.
«Vous ne m’avez rien enseigné, aujourd’hui, objecte l’apprenti, après une nouvelle chute.
— Je vous ai enseigné quelque chose, mais on dirait que vous n’apprenez rien, réplique le sorcier. J’essaie de vous enseigner comment on traite les erreurs de la vie.
— Et comment les traite-t-on ?
— De la façon dont vous auriez dû traiter les chutes que vous avez faites. Au lieu de maudire l’endroit où vous êtes tombé, vous auriez dû chercher ce qui vous avait fait glisser. »
LE PERE SUPERIEUR du monastère de Sceta reçut un après-midi la visite d’un ermite.
« Mon conseiller spirituel ne sait comment me diriger, déclara le nouveau venu. Dois-je le quitter ? »
Le père supérieur ne répondit mot et l’ermite retourna dans le désert. Une semaine plus tard, il revint.
« Mon conseiller spirituel ne sait comment me diriger, répéta-t-il. J’ai décidé de le quitter.
— Voilà des paroles sages, conclut le père supérieur. Quand un homme comprend que son âme n’est pas satisfaite, il ne demande pas de conseils, il prend les décisions adéquates pour préserver son bout de chemin dans cette vie. »
UNE JEUNE FEMME s’approche du voyageur.
« Je veux vous raconter quelque chose, lui dit-elle. J’ai toujours cru que j’avais un don de guérison, mais je n’avais pas le courage de m’en servir. Et puis, un jour, mon mari souffrait beaucoup de la jambe gauche et il n’y avait personne pour l’aider. Alors, mourant de honte, j’ai décidé de poser mes mains sur sa jambe et de demander que la douleur cesse.
« J’ai agi ainsi sans croire vraiment que je pourrais lui venir en aide, et puis je l’ai entendu prier : « Fais, Seigneur, que ma femme soit capable d’être la messagère de Ta lumière, de Ta force. » Ma main est devenue très chaude et aussitôt les douleurs ont disparu.
« Plus tard, je lui ai demandé pourquoi il avait prié ainsi. Il m’a répondu que c’était pour me donner confiance. Aujourd’hui, je suis capable de guérir d’autres personnes, grâce à ces mots. »
LE PHILOSOPHE Aristippe courtisait les puissants à la cour de Denys, tyran de Syracuse.
Un après-midi, il rencontra Diogène en train de se préparer un modeste plat de lentilles.
« Si tu complimentais Denys, tu ne serais pas obligé de manger des lentilles, remarqua Aristippe.
— Si tu savais te contenter de manger des lentilles, tu ne serais pas obligé de complimenter Denys », répliqua Diogène.
Le maître dit :
« Il est vrai que tout a un prix, mais ce prix est relatif Quand nous suivons nos rêves, nous pouvons donner l’impression que nous sommes misérables et malheureux. Mais ce que les autres pensent n’a aucune importance. Ce qui compte, c’est la joie dans notre cœur. »
UN HOMME, qui vivait en Turquie, entendit parler d’un maître habitant en Perse. Sans hésiter, il vendit tout ce qu’il possédait, prit congé de sa famille et partit en quête de la sagesse.
Après des mois de voyage, il trouva enfin la cabane où vivait le grand maître. Empli de crainte et de respect, il s’en approcha et frappa.
Le maître ouvrit la porte.
« Je viens de Turquie, lui dit l’homme. J’ai fait ce long voyage pour vous poser une seule question. »
Le vieillard le regarda, surpris : « Très bien. Vous pouvez me poser une seule question.
— Je dois exprimer clairement ce que je vais vous demander. Puis-je poser ma question en turc ?
— Vous le pouvez, répondit le sage. Et j’ai déjà répondu à votre unique question. Ce que vous voulez savoir d’autre, demandez-le à votre cœur, il vous donnera la réponse. »
Et il referma la porte.
LE MAITRE DIT :
« La parole est pouvoir. Les mots transforment le monde et l’homme.
« Nous avons tous déjà entendu dire : « Il ne faut pas parler des bonnes choses qui nous arrivent, car l’envie des autres détruirait notre joie. »
« Il n’en est rien. Les vainqueurs parlent avec fierté des miracles survenus dans leur existence. Si vous dégagez de l’énergie positive, elle attirera davantage d’énergie positive encore et elle réjouira ceux qui vous veulent vraiment du bien.
« Quant aux envieux, aux vaincus, ils ne pourront vous causer du tort que si vous leur donnez ce pouvoir.
« N’ayez pas peur. Parlez des bonnes choses de votre vie à qui veut les entendre. L’Ame du Monde a grand besoin de votre joie. »
IL ETAIT un roi d’Espagne qui s’enorgueillissait de son lignage, mais qui était aussi réputé pour sa cruauté envers les faibles gens. Un jour qu’il traversait en Aragon un champ avec son escorte – des années auparavant, son père était mort à cet endroit au cours d’une bataille –, il rencontra un saint homme qui remuait un énorme tas d’ossements.
« Que fais-tu ici ? lui demanda le roi.
— Honneur à Votre Majesté, répondit le saint homme. Quand j’ai appris que le roi d’Espagne arrivait, j’ai décidé de recueillir les os de votre défunt père pour vous les remettre. Mais j’ai beau chercher, je ne les trouve pas : ils sont semblables aux os des paysans, des pauvres, des mendiants et des esclaves. »
DU POETE afro-américain Langston Hugues :
« Je connais les fleuves.
Je connais des fleuves vieux comme le monde, et plus anciens que le flux du sang dans les veines humaines.
Mon âme est aussi profonde que les fleuves.
Je me suis baigné dans l’Euphrate, à l’aurore de la civilisation.
J’ai fait ma cabane au bord du Congo, et ses eaux me chantaient une berceuse.
J’ai contemplé le Nil, et j’ai construit les pyramides.
J’ai entendu le chant du Mississippi quand Lincoln se rendit jusqu’à La Nouvelle-Orléans, et j’ai vu ses eaux devenir dorées lorsqu’il se faisait tard.
Mon âme est devenue aussi profonde que les fleuves. »
« QUI EST le meilleur au maniement de l’épée ? demanda le guerrier.
— Allez jusqu’au champ qui s’étend près du monastère, lui répondit son maître. Il y a là un rocher. Insultez-le.
— A quoi bon ? Le rocher ne me répondra pas.
— Alors, attaquez-le avec votre épée.
— Je ne ferai pas cela non plus. Mon épée se briserait, et, si je l’attaquais à mains nues, je me blesserais les doigts pour rien. Ma question était tout autre : qui est le meilleur au maniement de l’épée ?
— Le meilleur est semblable au rocher, répondit le maître. Sans même dégainer sa lame, il montre que nul ne parviendra à le vaincre. »
LE VOYAGEUR arrive à San Martin de Unx, en Navarre, un village qui tombe presque en ruine. Il finit par découvrir la femme qui garde la clef de la belle église romane. Très gentiment, elle gravit avec lui les ruelles étroites et lui ouvre la porte.
Le voyageur est ému par l’obscurité et le silence du temple médiéval. Il bavarde un peu avec la femme et, à un moment, il lui fait remarquer que, bien qu’il soit midi, on ne distingue pas grand-chose des splendides œuvres d’art que renferme l’église.
« On ne voit bien les détails qu’au lever du jour, lui explique-t-elle. La légende veut que ce soit précisément cela que voulaient nous enseigner les bâtisseurs de cette église : Dieu choisit toujours une heure précise pour nous montrer Sa gloire. »
LE MAITRE DIT :
« Il y a deux dieux. Le dieu que nous ont enseigné nos professeurs, et le Dieu qui nous prodigue Ses enseignements. Le dieu dont les gens ont coutume de parler, et le Dieu qui nous parle. Le dieu que nous apprenons à craindre, et le Dieu qui nous parle de miséricorde.
« Il y a deux dieux. Le dieu qui est au plus haut des deux, et le Dieu qui participe à notre vie quotidienne. Le dieu qui nous fait payer, et le Dieu qui efface nos dettes. Le dieu qui nous menace des châtiments de l’Enfer, et le Dieu qui nous montre le meilleur chemin.
« Il y a deux dieux. Le dieu qui nous écrase sous le poids de nos fautes, et le Dieu qui nous libère par Son amour. »
UN JOUR, on demanda au sculpteur Michel-Ange comment il faisait pour créer des œuvres aussi magnifiques.
« C’est très simple, répondit-il. Quand je regarde un bloc de marbre, je vois la sculpture qui est à l’intérieur. Il ne me reste qu’à retirer ce qui est en trop. »
Le maître dit :
« Chacun de nous est destiné à créer une œuvre d’art. Elle est le centre de notre vie et, malgré toutes nos tentatives pour nous le cacher, nous savons à quel point elle conditionne notre bonheur. En général, cette œuvre d’art est enfouie sous des années de crainte, de culpabilité et d’indécision. Mais si nous décidons de retirer cette gangue, si nous ne doutons pas de nos capacités, nous pouvons mener à bien la mission qui nous a été assignée. C’est la seule manière de vivre honorablement. »
UN VIEILLARD sur le point de mourir appelle auprès de lui un jeune homme et lui raconte une histoire héroïque : au cours d’une guerre, il a aidé un homme à s’enfuir, lui donnant abri, nourriture et protection. Mais alors qu’ils arrivaient en lieu sûr, l’autre a décidé de le trahir et l’a livré à l’ennemi.
« Et comment vous êtes-vous échappé ? demande le jeune homme.
— Je ne me suis pas échappé, je suis l’autre, celui qui a trahi, avoue le vieillard. Mais lorsque je raconte cette histoire comme si j’en étais le héros, je comprends mieux tout ce qu’il a fait pour moi. »
LE MAITRE DIT :
« Nous avons tous besoin d’amour. L’amour fait partie de la nature humaine, autant que manger, boire et dormir. Il nous arrive de nous asseoir, seuls, devant un beau coucher de soleil et de penser : « Toute cette beauté n’a aucune importance, puisque je n’ai personne avec qui la partager."
« Il faudrait alors nous demander combien de fois, alors qu’on nous réclamait de l’amour, nous avons détourné la tête. Combien de fois nous avons eu peur de nous approcher de quelqu’un et de lui avouer sans façon que nous étions amoureux.
« Gare à la solitude. Telles les drogues les plus dangereuses, elle crée une dépendance. Si le coucher de soleil semble ne plus avoir de sens pour vous, faites preuve d’humilité et allez chercher de l’amour. Sachez que, là comme pour d’autres biens spirituels, plus vous serez disposé à donner, plus vous recevrez en retour. »
UN MISSIONNAIRE espagnol qui visitait une île rencontra trois prêtres aztèques.
« Comment priez-vous ? leur demanda-t-il.
— Nous n’avons qu’une seule prière, répondit l’un des Aztèques. Nous disons : « Dieu, Tu es trois, et nous sommes trois. Aie pitié de nous."
— Je vais vous enseigner une prière que Dieu entendra », proposa le missionnaire.
Et il leur apprit une prière catholique, avant de poursuivre sa route.
Quelques années plus tard, peu avant de retourner en Espagne, il transita de nouveau par cette île. Tandis que la caravelle approchait des côtes, le missionnaire vit les trois prêtres marchant sur les eaux.
« Mon père, mon père ! s’écria l’un d’eux. S’il vous plaît, enseignez-nous encore la prière que Dieu entend, parce que nous ne nous en souvenons plus.
— Cela n’a aucune importance », répondit le prêtre, qui avait assisté au miracle.
Et il demanda pardon à Dieu de ne pas avoir compris qu’il parlait toutes les langues.
SAINT JEAN DE LA Croix nous enseigne que, sur notre chemin spirituel, nous ne devons pas chercher des visions, ni suivre les déclarations de ceux qui sont déjà passés par là. Seule notre foi doit nous soutenir, parce que la foi est limpide, transparente ; elle naît en nous et ne peut être confondue.
Un écrivain, qui bavardait avec un prêtre, lui demanda ce qu’était l’expérience de Dieu.
« Je l’ignore, répondit le prêtre. La seule expérience que je connaisse jusqu’à présent est celle de ma foi en Dieu. »
C’est cela, le plus important.
LE MAITRE DIT :
« Le pardon est une route à double sens. Chaque fois que nous pardonnons à quelqu’un, nous nous pardonnons aussi à nous-mêmes. Si nous sommes tolérants envers les autres, il nous est plus facile d’accepter nos propres erreurs. Ainsi, sans culpabilité et sans amertume, nous parvenons à améliorer notre approche de la vie.
« Lorsque, par faiblesse, nous laissons la haine, l’envie et l’intolérance vibrer autour de nous, nous risquons d’être consumés par ces vibrations.
« Pierre demanda au Christ : « Maître, dois-je pardonner sept fois à mon prochain ? » Et le Christ lui répondit : « Pas seulement sept, mais soixante-dix fois."
« L’acte du pardon nettoie le plan astral et nous montre la véritable lumière de la Divinité. »
LE MAITRE DIT :
« Les maîtres avaient coutume jadis de créer des « personnages » pour aider leurs disciples à saisir l’aspect le plus sombre de leur personnalité. Nombre de ces histoires sont devenues de célèbres contes de fées.
« Le procédé est simple : il vous suffit de placer toutes vos angoisses, vos peurs, vos déceptions dans un être invisible qui se tient à votre gauche. Il tient le rôle du « vilain » de votre existence, vous suggérant sans cesse des attitudes que vous rejetez, mais que vous finissez par adopter. Une fois créé ce personnage, il est bien plus facile de ne pas suivre ses conseils.
« C’est extrêmement simple. C’est pourquoi cela fonctionne très bien. »
« COMMENT SAVOIR quelle est la meilleure manière d’agir dans la vie ? » demanda le disciple à son maître.
Le maître lui suggéra de fabriquer une table. Quand la table fut quasi prête – il ne restait plus qu’à planter les clous dans le plateau –, le maître s’approcha. Le disciple plantait les clous en trois coups précis mais, le dernier clou résistant davantage, il dut donner un coup supplémentaire. Le clou s’enfonça trop profondément, et le bois fut abîmé.
« Votre main était habituée à trois coups de marteau, fit remarquer le maître. Lorsqu’une action est dirigée par l’habitude, elle perd son sens, et cela finit par causer des dommages.
« Chaque action est unique, et le seul secret à connaître est le suivant : ne laissez jamais l’habitude commander vos actes. »
NON LOIN DE la ville de Soria, en Espagne, se trouve un vieil ermitage creusé dans le rocher, où vit depuis des années un homme qui a tout abandonné pour se consacrer à la contemplation.
Un après-midi d’automne, le voyageur lui rend visite. Il est reçu selon les règles de l’hospitalité.
Après avoir partagé son morceau de pain, l’ermite lui propose de l’accompagner jusqu’à un ruisseau voisin pour cueillir quelques champignons comestibles.
Sur le chemin, un jeune garçon s’approche d’eux : « Saint homme, j’ai entendu dire que, pour atteindre l’illumination, nous ne devions pas manger de viande. Est-ce vrai ?
— Accepte avec joie tout ce que la vie t’offre, répond l’ermite. Tu ne pécheras pas contre l’Esprit, mais tu ne blasphémeras pas non plus contre la générosité de la terre. »
LE MAITRE DIT :
« Si vous traversez une passe très difficile, écoutez votre cœur. Tâchez d’être aussi honnête que possible avec vous-même, assurez-vous que vous suivez vraiment votre chemin en payant le prix de vos rêves.
« Si, malgré tout, vous êtes toujours malmené par la vie, il arrivera un moment où vous devrez vous plaindre. Faites-le avec respect, comme un enfant se plaint auprès de ses parents ; ne manquez pas de réclamer un peu plus d’aide et d’attention. Dieu est un père et une mère à la fois, et les parents attendent toujours le meilleur de leurs enfants. Il se peut que l’apprentissage soit trop rude, et il ne coûte rien de réclamer un répit et de l’affection.
« Mais n’exagérez jamais. Job a protesté au bon moment, et ses biens lui ont été rendus. Al Afid a pris l’habitude de se plaindre de tout, et Dieu a cessé de l’écouter. »
LES FETES DE VALENCE, en Espagne, comportent un étrange rituel, élaboré autrefois dans la corporation des charpentiers.
Tout au long de l’année, artisans et artistes construisent de gigantesques sculptures en bois. Puis, durant la semaine des festivités, ils les disposent au centre de la place principale. Les gens passent devant, discutent, émerveillés, émus par toute cette créativité. Le jour de la Saint-Joseph, toutes ces œuvres d’art, sauf une, sont brûlées sur un énorme bûcher, devant des milliers de curieux.
« Pourquoi tant de travail pour rien ? » demanda une Anglaise, tandis que les flammes immenses s’élevaient vers le ciel.
« Vous aussi, votre fin viendra un jour, lui répondit une Espagnole. Vous êtes-vous déjà dit qu’à cet instant un ange demanderait à Dieu : « Pourquoi tant de travail pour rien ? »
UN HOMME fort pieux se trouva soudain privé de toutes ses richesses. Sachant que Dieu pouvait lui venir en aide en toutes circonstances, il se mit à prier : « Seigneur, faites que je gagne à la loterie. »
Pendant des années, il pria et demeura pauvre.
Finalement, le jour de sa mort, comme il était très pieux, il monta tout droit au ciel. Quand il y arriva, il refusa d’entrer, déclarant qu’il avait eu beau appliquer toute sa vie les préceptes religieux qu’on lui avait enseignés, Dieu ne lui avait jamais permis de gagner à la loterie.
« Tout ce que Vous m’avez promis, Seigneur, n’était que des mensonges, protesta l’homme, révolté.
— J’ai toujours été prêt à vous aider à gagner, répliqua le Seigneur. Mais vous n’avez jamais acheté un billet de loterie. »
UN VIEUX SAGE CHINOIS se promenait dans la campagne enneigée quand il aperçut une femme en larmes.
« Pourquoi pleures-tu ? lui demanda-t-il.
— Parce que je me souviens du passé, de ma jeunesse, de la beauté que me renvoyait le miroir, des hommes que j’ai aimés. Dieu a eu la cruauté de me donner la mémoire. Il savait que je me rappellerais le printemps de ma vie et que je pleurerais. »
Le sage contempla la campagne enneigée, le regard fixé sur un point déterminé. A un moment, la femme cessa de se lamenter :
« Que regardez-vous là-bas ? demanda-t-elle.
— Un champ de roses, répondit le sage. Dieu a été généreux avec moi en me donnant la mémoire. Il savait qu’en hiver je pourrais toujours me rappeler le printemps, et sourire. »
LE MAITRE DIT :
« La Légende Personnelle n’est pas aussi simple qu’il y paraît. La vivre peut constituer une activité dangereuse. Lorsque nous voulons quelque chose, nous mettons en mouvement des énergies puissantes, et nous ne pouvons plus nous cacher à nous-mêmes le véritable sens de notre vie. Lorsque nous désirons quelque chose, nous faisons un choix et nous en payons le prix.
« Poursuivre un rêve a un prix. Cela peut impliquer que nous abandonnions nos vieilles habitudes, cela peut entraîner pour nous des difficultés, des déceptions.
«Toutefois, quel que soit ce prix, il ne sera jamais aussi élevé que celui que payeront ceux qui n’ont pas vécu leur Légende Personnelle. Un jour, ceux-là regarderont en arrière, ils verront tout ce qu’ils ont fait, et ils entendront leur cœur dire : « J’ai gaspillé ma vie."
« Croyez-moi, c’est l’une des pires phrases que l’on puisse entendre. »
DANS L’UN DE SES LIVRES, Castañeda raconte qu’un jour son maître lui fit mettre sa ceinture en sens inverse de celui auquel il était habitué.
Castañeda s’exécuta, certain d’acquérir ainsi un puissant instrument de pouvoir.
Quelques mois plus tard, il expliqua à son maître que, grâce à cette pratique, il apprenait plus rapidement qu’auparavant.
«J’ai transformé l’énergie négative en énergie positive », lui dit-il.
Le maître éclata de rire :
« Les ceintures n’ont jamais transformé l’énergie ! Je vous ai fait faire cela afin que, chaque fois que vous enfilez votre pantalon, vous vous souveniez que vous faites l’apprentissage de la magie. C’est la conscience de l’apprentissage qui vous a fait progresser, non la ceinture. »
UN MAITRE avait des centaines de disciples. Tous priaient à l’heure dite, sauf un, qui était ivre en permanence.
Le jour où il sentit sa mort proche, le maître appela l’ivrogne et lui transmit ses connaissances occultes. Les autres disciples se rebellèrent :
« Quelle honte ! Nous nous sommes sacrifiés pour un maître extravagant et incapable de reconnaître nos qualités. »
Le maître dit :
« Je devais révéler ces secrets à un homme que je connaisse bien. Chez ceux qui semblent très vertueux se cachent en général la vanité, l’orgueil, l’intolérance. C’est pourquoi j’ai choisi le seul disciple dont le défaut était visible : l’ivrognerie. »
LE PRETRE cistercien Marcos Garcia dit :
« Dieu nous prive parfois d’une bénédiction afin que nous puissions L’appréhender en dehors des demandes et des faveurs. Il sait jusqu’à quel point Il peut mettre une âme à l’épreuve et n’outrepasse jamais cette limite.
« Dans ces moments-là, gardons-nous de dire : « Dieu m’a abandonné. » C’est plutôt nous qui, parfois, L’abandonnons. Si le Seigneur nous impose une grande épreuve, Il nous donne aussi pour la surmonter les grâces suffisantes – je dirais même : plus que suffisantes.
« Lorsque nous nous sentons loin de Sa présence, c’est à nous de nous demander si nous savons vraiment profiter de ce qu’il a placé sur notre chemin. »
IL NOUS ARRIVE de passer des jours, voire des semaines entières, sans recevoir un geste d’affection de notre prochain. Durant ces périodes difficiles, toute chaleur humaine s’évanouit et la vie se résume à un rude effort de survie.
Le maître dit :
« Il nous faut alors examiner notre cheminée, y remettre du bois et tenter d’éclairer la pièce sombre que devient notre existence. Quand nous entendrons crépiter notre feu, les bûches craquer, les flammes conter des histoires, l’espoir nous sera rendu.
« Si nous sommes capables d’aimer, nous serons aussi capables d’être aimés. Ce n’est qu’une question de temps. »
AU COURS D’UN DÎNER, quelqu’un brisa un verre. « C’est signe de chance », entendit-on. Autour de la table, tous les invités connaissaient cette coutume.
« Pourquoi est-ce un signe de chance ? interrogea un rabbin qui faisait partie des convives.
— Je l’ignore, répondit la femme du voyageur. Peut-être est-ce ce que l’on disait autrefois pour que l’invité ne se sente pas mal à l’aise.
— Cette explication n’est pas la bonne, rétorqua le rabbin. Certaines traditions judaïques veulent que chaque homme dispose d’un capital de chance, dont il use au cours de sa vie. Il peut faire en sorte que ce capital fructifie s’il l’utilise uniquement à des fins vraiment nécessaires, ou bien il peut le gaspiller en vain. Nous, les juifs, nous disons aussi « bonne chance » quand quelqu’un casse un verre. Mais cela signifie : « Tant mieux, vous n’avez pas dilapidé votre chance en cherchant à éviter que ce verre ne se brise. Ainsi, vous pourrez l’utiliser pour des choses plus importantes. »
L’ABBE ABRAHAM apprit que, non loin du monastère de Sceta, vivait un ermite qui avait la réputation d’être un sage. Il alla lui rendre visite et lui demanda :
« Si aujourd’hui vous trouviez une belle femme dans votre lit, parviendriez-vous à vous convaincre que ce n’est pas une femme ?
— Non, répondit le sage, mais je parviendrais à me retenir. »
L’abbé poursuivit :
« Et si vous voyiez des pièces d’or dans le désert, pourriez-vous regarder cet or comme si c’était des cailloux ?
— Non, dit le sage, mais j’arriverais à me contrôler pour ne pas m’en emparer. »
L’abbé Abraham insista :
« Et si deux frères venaient vous voir, l’un vous haïssant et l’autre vous aimant, réussiriez-vous à les traiter avec équité ? »
Le sage répondit :
« Je souffrirais sans doute intérieurement, mais je traiterais celui qui m’aime de la même manière que celui qui me déteste. »
Plus tard, l’abbé dit à ses novices : « Je vais vous expliquer ce qu’est un sage. C’est un homme qui, au lieu d’annihiler ses passions, parvient à les contenir. »
W. FRASIER a écrit toute sa vie sur la conquête de l’Ouest américain. Fier de montrer sur son curriculum vitae qu’il était l’auteur du scénario d’un film dont la vedette était Gary Cooper, il raconte qu’il n’a réussi que très rarement à se fâcher avec quelqu’un.
« J’ai beaucoup appris des pionniers, dit-il. Ils combattaient les Indiens, traversaient les déserts, cherchaient de l’eau et de la nourriture dans des régions éloignées de tout.
« Dans tous les textes de l’époque, on remarque un fait étrange : les pionniers ne consignaient que les événements heureux. Plutôt que de se plaindre, ils composaient des chansons et plaisantaient de leurs difficultés. Ainsi parvenaient-ils à tenir à distance le découragement et la dépression.
« Et aujourd’hui, à l’âge de quatre-vingt-huit ans, je m’efforce d’en faire autant. »
CE TEXTE EST une adaptation d’un poème de John Muir :
«Je veux libérer mon âme afin qu’elle puisse jouir de tous les dons que possèdent les esprits.
Lorsque ce sera possible, je ne tenterai pas de connaître les cratères de la Lune, ni de suivre jusqu’à leur source les rayons du Soleil.
Je ne tenterai pas de comprendre la beauté de l’étoile, ni la désolation artificielle de l’être humain.
Lorsque je saurai comment libérer mon âme, je suivrai l’aurore et je remonterai le temps avec elle.
Lorsque je saurai libérer mon âme, je plongerai dans les courants magnétiques qui se jettent dans un océan où toutes les eaux se rencontrent pour former l’Ame du Monde.
Lorsque je saurai libérer mon âme, j’essayerai de lire depuis le début la page splendide de la Création. »
L’UN DES SYMBOLES consacrés par le christianisme est la figure du pélican. L’explication en est simple : quand il n’y a plus rien à manger, le pélican plonge son bec dans sa propre chair pour l’offrir à ses petits.
Le maître dit :
« Souvent, nous sommes incapables de comprendre les bénédictions que nous recevons. Nous ne percevons pas ce qu’il fait pour nous assurer notre nourriture spirituelle.
« Une histoire raconte que, par un hiver rigoureux, un pélican, offrant sa propre chair à ses enfants, réussit à survivre durant quelques jours à son sacrifice. Lorsque enfin il mourut, l’un des petits dit à l’autre : « Tant mieux. J’en avais assez de manger tous les jours la même chose. » »
SI QUELQUE CHOSE vous laisse insatisfait – même si c’est ce que vous aspiriez à réaliser, sans y parvenir –, arrêtez-vous sur-le-champ.
Lorsque les choses ne marchent pas, il n’y a que deux explications : ou bien votre persévérance est mise à l’épreuve, ou bien vous devez changer de cap.
Pour découvrir quelle option est la bonne, recourez au silence et à la prière. Peu à peu, tout s’éclaircira de façon mystérieuse, jusqu’au moment où vous aurez la force de choisir.
Une fois votre décision prise, oubliez totalement l’hypothèse que vous n’avez pas retenue. Et allez de l’avant, parce que Dieu est le Dieu des Vaillants.
Domingos Sabino a dit : « Tout finit toujours bien. Si les choses ne marchent pas convenablement, c’est que vous n’êtes pas encore arrivé à la fin. »
ALORS QU’IL SE TROUVAIT à Bahia, le compositeur Nelson Motta décida de rendre visite à Mãe Menininha do Gantois[1]. Il prit un taxi, mais en chemin les freins de la voiture lâchèrent et elle se mit à tournoyer à toute vitesse au milieu de la route. Heureusement, il en fut quitte pour la peur.
Lorsque Nelson rencontra Mãe Menininha, il s’empressa de lui raconter cet accident évité de justesse.
« Certaines choses sont déjà écrites, mais Dieu se débrouille pour que nous les vivions sans trop de problèmes. Cela signifie qu’un accident de voiture faisait partie de votre destin à ce stade de votre vie, dit Mãe Menininha. Toutefois, comme vous le voyez, conclut-elle, tout est arrivé, et il ne s’est rien passé. »
« IL MANQUAIT un élément dans votre causerie sur le chemin de Saint-Jacques », dit au voyageur, à la sortie d’une conférence, une femme qui avait fait le pèlerinage. «J’ai remarqué que la plupart des pèlerins – que ce soit sur le chemin de Saint-Jacques ou sur les chemins de l’existence – s’efforcent de suivre le rythme des autres. Au début du pèlerinage, j’essayais moi aussi de marcher au même pas que mon groupe. Je me fatiguais, j’exigeais de mon corps plus qu’il ne pouvait donner, j’étais tendue, et finalement j’ai eu des problèmes de tendons au pied gauche. Immobilisée pendant deux jours, j’ai compris que je n’arriverais à Saint-Jacques que si je suivais mon propre rythme.
«J’ai mis plus de temps que les autres, j’ai dû marcher seule très souvent, mais j’ai pu aller jusqu’au bout uniquement parce que j’ai respecté mon rythme. Désormais, j’applique cette leçon à tout ce que je dois faire. »
CRESUS, ROI DE LYDIE, avait pris la décision d’attaquer les Perses, mais il voulut auparavant consulter un oracle grec.
« Votre destin est de détruire un grand empire », lui annonça ce dernier.
Satisfait, Crésus déclara la guerre. Après deux jours de combats, la Lydie fut envahie par les Perses, sa capitale saccagée, et Crésus fait prisonnier. Révolté, il chargea son ambassadeur en Grèce de retourner voir l’oracle pour lui dire qu’il les avait trompés.
«Non, vous n’avez pas été trompés, répliqua celui-ci. Vous avez effectivement détruit un grand empire : la Lydie. »
Le maître dit :
« Le langage des signes est là pour nous enseigner la meilleure manière d’agir. Mais, très souvent, nous en déformons le sens pour qu’ils concordent avec ce que nous avons l’intention de faire. »
BUSCAGLIA RACONTE l’histoire du quatrième Roi mage. Lui aussi avait vu l’étoile briller au-dessus de Bethléem, mais il arrivait toujours trop tard sur les traces de Jésus car les pauvres et les miséreux l’arrêtaient sans cesse pour implorer son aide.
Au bout de trente ans, après avoir marché sur les pas de Jésus à travers l’Egypte, la Galilée, puis à Béthanie, le Roi mage entre à Jérusalem ; mais l’enfant est devenu un homme, et l’on est en train de le crucifier. Le Roi mage, qui avait acheté des perles pour les offrir au Christ, a dû les vendre presque toutes afin de porter assistance à ceux qu’il a rencontrés en chemin. Il ne lui en reste qu’une, mais le Sauveur est déjà mort.
« J’ai échoué dans ma mission », songe-t-il.
Et, à cet instant, il entend une voix :
« Contrairement à ce que tu penses, tu m’as rencontré toute ta vie. J’étais nu, et tu m’as vêtu. J’avais faim, et tu m’as donné à manger. J’étais prisonnier, et tu m’as rendu visite. J’étais dans tous les pauvres que tu as croisés sur ta route. Merci pour tous ces présents d’amour. »
UNE HISTOIRE de science-fiction met en scène une société dans laquelle presque tous les individus naissent prêts à remplir une fonction – technicien, ingénieur ou mécanicien... Seuls quelques-uns n’ont à la naissance aucune compétence ; on les envoie dans un asile de fous, puisque seuls les fous sont incapables d’apporter la moindre contribution à la société.
Un jour, l’un de ces fous se rebelle. L’asile disposant d’une bibliothèque, il s’efforce d’acquérir toutes sortes de connaissances en matière de science et d’art. Lorsqu’il pense en savoir assez, il décide de s’enfuir, mais on le rattrape et on l’envoie dans un centre d’études en dehors de la ville.
« Soyez le bienvenu, lui dit alors l’un des responsables du centre. Ceux qui ont été forcés de découvrir leur propre chemin sont justement ceux que nous admirons le plus. A partir de maintenant, vous pouvez faire ce que vous voudrez, car c’est grâce à des gens comme vous que le mondé peut avancer. »
AVANT DE PARTIR pour un long voyage, un commerçant alla prendre congé de sa femme.
« Tu ne m’as jamais offert les cadeaux que j’aurais mérités, lui reprocha-t-elle.
— Femme ingrate, tout ce que je t’ai donné m’a coûté des années de travail, rétorqua-t-il. Que pourrais-je te donner de plus ?
— Un objet aussi beau que moi. »
Pendant deux ans, la femme attendit son cadeau. Enfin, le commerçant revint.
« J’ai pleuré sur ton ingratitude, mais j’ai décidé de réaliser ton désir, lui dit-il. Je me suis demandé tout ce temps quel cadeau pourrait être aussi beau que toi, et je l’ai enfin trouvé. »
Et il lui tendit un petit miroir.
LE PHILOSOPHE allemand Friedrich Nietzsche a dit un jour :
« Il est vain de peser sans cesse le pour et le contre ; se tromper de temps à autre fait partie de la condition humaine. ».
Le maître dit :
« Il y a des gens qui mettent leur point d’honneur à avoir raison jusque dans les moindres détails. Nous-mêmes, très souvent, nous ne nous permettons pas de commettre une erreur. Tout ce que l’on obtient par cette attitude, c’est la crainte d’aller de l’avant.
« La peur de se tromper est la porte qui nous enferme dans le château de la médiocrité. Si nous parvenons à la vaincre, nous faisons un pas décisif vers notre liberté. »
UN NOVICE demanda à l’abbé Nisteros, au monastère de Sceta :
« Que dois-je faire pour plaire à Dieu ? »
Il reçut cette réponse :
« Abraham acceptait les étrangers, et Dieu fut content. Elie n’aimait pas les étrangers, et Dieu fut content. David était fier de ses actes, et Dieu fut content. Le publicain devant l’autel avait honte de ses actes, et Dieu fut content. Jean-Baptiste se retira au désert, et Dieu fut content. Jonas se rendit dans la grande cité de Ninive, et Dieu fut content.
« Demandez à votre âme ce qu’elle souhaite. Que votre âme soit en accord avec vos rêves, voilà ce qui plaît à Dieu. »
UN MAITRE BOUDDHISTE voyageait à pied avec ses disciples quand il s’aperçut que ceux-ci débattaient pour savoir lequel d’entre eux était le meilleur.
«Je pratique la méditation depuis quinze ans, disait l’un.
— Je fais la charité depuis que j’ai quitté la maison de mes parents, renchérissait un autre.
— J’ai toujours suivi les enseignements du Bouddha, affirmait un troisième.
A midi, ils firent halte sous un pommier pour se reposer. Les branches dé l’arbre ployaient sous le poids des fruits.
Alors le maître prit la parole :
« Quand un arbre est chargé de fruits, ses branches ploient et touchent le sol. De même, le véritable sage est humble.
« Quand un arbre n’a pas de fruits, ses branches se dressent, arrogantes et hautaines. De même, l’imbécile se croit toujours meilleur que son prochain. »
AU COURS DE la Cène, Jésus accusa, avec la même gravité et dans la même phrase, deux de ses apôtres. L’un et l’autre commettraient les crimes qu’il avait prévus.
Judas l’Iscariote reconnut sa faute et se condamna. Pierre également reconnut sa faute, une fois qu’il eut renié par trois fois ce en quoi il croyait.
Cependant, au moment décisif, Pierre comprit la véritable signification du message de Jésus. Il demanda pardon et il poursuivit son chemin, malgré l’humiliation.
Lui aussi aurait pu choisir le suicide. Au lieu de cela, il affronta les autres apôtres et leur dit probablement quelque chose du genre : « O.K., vous pouvez parler de ma faute tant que durera l’espèce humaine. Mais laissez-moi la corriger. »
Pierre avait compris que l’Amour pardonne. Judas n’avait rien compris.
UN ECRIVAIN CELEBRE se promenait avec un ami quand sous ses yeux un gamin traversa la rue sans voir le camion qui arrivait à toute vitesse. En une fraction de seconde, l’écrivain se jeta au-devant du véhicule et sauva l’enfant. Pourtant, avant de laisser quiconque le féliciter pour cet acte héroïque, il gifla le garçon.
«Ne te laisse pas tromper par les apparences, mon petit, lui dit-il. Je t’ai sauvé uniquement pour que tu ne puisses pas fuir les problèmes que tu rencontreras lorsque tu seras devenu adulte. »
Le maître dit :
« Quelquefois, nous avons honte de faire le bien. Notre sentiment de culpabilité nous incite à penser que, lorsque nous agissons avec générosité, nous cherchons à impressionner les autres ou à « suborner » Dieu. Il nous semble difficile d’accepter que notre nature est essentiellement bonne. Nous dissimulons nos bonnes actions sous l’ironie et l’indifférence, comme si l’amour était synonyme de faiblesse. »
IL REGARDA la table devant Lui, y cherchant le symbole le plus approprié de son passage sur terre. Là se trouvaient les grenades de Galilée, les épices du Sud, les fruits secs de Syrie, les dattes d’Egypte.
Il allait tendre la main afin de consacrer l’un de ces fruits quand soudain Il se rappela que le message qu’il apportait était destiné à tous les hommes, partout dans le monde. Peut-être les grenades et les dattes n’existaient-elles pas dans certaines contrées.
Il regarda autour de Lui, et une autre idée Lui vint : dans les grenades, dans les dattes, dans les fruits, le miracle de la Création se manifestait naturellement, sans aucune intervention humaine.
Alors Il prit le pain, rendit grâce, le partagea et l’offrit à ses disciples avec ces mots : « Prenez et mangez-en tous, car ceci est Mon corps. » Parce que le pain était partout. Et que le pain, contrairement aux dattes, aux grenades et aux fruits de Syrie, était le meilleur symbole du chemin menant à Dieu.
Le pain était le fruit de la terre et du travail de l’homme.
LE JONGLEUR s’immobilise au milieu de la place, prend trois oranges et se met à les lancer en l’air. Les gens se rassemblent autour de lui et admirent la grâce et l’élégance de ses gestes.
« La vie est plus ou moins à cette image, dit quelqu’un au voyageur. Nous tenons toujours une orange dans chaque main pendant qu’une autre est en l’air. Mais c’est cette dernière qui fait la différence. Elle a beau avoir été lancée avec habileté et expérience, elle suit son propre parcours. »
Tel le jongleur, nous lançons un rêve dans le monde, et nous ne le contrôlons pas toujours. Dans ces moments-là, nous devons savoir nous en remettre à Dieu, Lui demander que ce rêve accomplisse avec dignité son chemin et, au bon moment, retombe réalisé entre nos mains.
L’UN DES EXERCICES de développement personnel les plus efficaces consiste à prêter attention aux gestes que nous faisons machinalement – par exemple, respirer, cligner des yeux, remarquer les objets qui nous entourent.
Ce faisant, nous permettons à notre cerveau de travailler plus librement, sans l’interférence de nos désirs. Certains problèmes qui paraissaient insolubles finissent par se résoudre, certaines difficultés que nous pensions insurmontables finissent par se dissiper sans effort.
Le maître dit :
« Lorsque vous devez affronter une situation délicate, efforcez-vous de recourir à cette technique. Elle exige un peu de discipline, mais les résultats peuvent se révéler surprenants. »
UN INDIVIDU vend des vases au marché.
Une femme s’approche et observe la marchandise. Certains vases ne portent aucune décoration, d’autres sont ornés de dessins réalisés avec soin.
La femme demande combien ils coûtent. A son grand étonnement, elle apprend qu’ils ont tous le même prix.
« Comment un vase décoré peut-il coûter autant qu’un autre plus simple ? demande-t-elle. Pourquoi réclamer la même somme pour un vase dont la fabrication a nécessité plus de temps et d’efforts ?
— Je suis un artiste, lui répond le vendeur. Je peux donner un prix au vase que j’ai fabriqué, mais pas à la beauté. La beauté est gratuite. »
LE VOYAGEUR, qui venait d’assister à la messe, était assis, tout seul. Soudain, un ami l’aborda :
« J’ai grand besoin de vous parler. »
Le voyageur vit dans cette rencontre un signe, et il en fut si enthousiasmé qu’il se mit à parler de tout ce qu’il jugeait important : les bénédictions de Dieu, l’amour – et il expliqua à son ami qu’il était un signe envoyé par son ange, puisque quelques instants auparavant il se sentait seul alors qu’à présent il avait de la compagnie.
L’ami l’écouta en silence, le remercia, puis s’en alla.
Le voyageur perdit alors sa joie et se sentit plus solitaire que jamais. Plus tard, il se rendit compte que, dans son enthousiasme, il n’avait prêté aucune attention à la demande de son ami.
Il baissa les yeux au sol et il vit ses mots jetés au beau milieu de la rue, parce que l’univers, à ce moment-là, souhaitait autre chose.
TROIS FEES étaient invitées au baptême d’un prince. La première lui offrit le don de rencontrer l’amour. La deuxième, la fortune pour réaliser ses souhaits. La troisième, la beauté. Puis, comme dans tous les contes pour enfants, apparut la sorcière. Furieuse de n’avoir pas été invitée, elle jeta au prince un mauvais sort :
« Puisque tu as déjà tout, je vais te donner plus encore : tu seras talentueux dans tout ce que tu entreprendras. »
Le prince grandit et devint beau, riche et amoureux. Mais il ne parvint pas à accomplir sa mission sur la terre. Excellent peintre, sculpteur, écrivain, musicien, mathématicien, il ne réussissait jamais à terminer une tâche car, très vite distrait, il voulait aussitôt en entreprendre une autre.
Le maître dit :
« Tous les chemins mènent au même endroit. Mais choisissez le vôtre, et allez jusqu’au bout. N’essayez pas de parcourir tous les chemins. »
UN TEXTE ANONYME du XVIIIe siècle évoque un moine russe qui était à la recherche d’un guide spirituel. Apprenant un jour l’existence d’un ermite qui se consacrait nuit et jour au salut de son âme, il alla trouver le saint homme.
« Je veux que vous me guidiez sur les chemins de l’âme, lui dit le moine.
— L’âme a son propre chemin, et c’est l’ange qui la guide, repartit l’ermite. Priez sans arrêt.
— Je ne sais pas prier de cette manière. Je veux que vous m’appreniez.
— Si vous ne savez pas prier sans arrêt, alors priez Dieu pour qu’il vous apprenne à le faire.
— Mais vous ne m’enseignez rien ! s’exclama le moine.
— Il n’y a rien à enseigner, on ne peut pas transmettre la foi comme on transmet des connaissances en mathématiques. Acceptez le mystère de la foi, et l’univers vous sera révélé. »
ANTONIO MACHADO dit :
« Coup par coup, pas à pas,
Voyageur, il n’y a pas de chemin,
le chemin se fait en marchant.
Le chemin se fait en marchant
et si l’on regarde en arrière
on voit le sentier que jamais
on ne foulera de nouveau.
Voyageur, il n’est pas de chemin,
le chemin se fait en marchant. »
LE MAITRE DIT :
« Ecrivez ! Une lettre, un journal ou jetez quelques notes sur le papier en parlant au téléphone, mais écrivez ! Ecrire nous rapproche de Dieu et de notre prochain. Si vous voulez mieux comprendre votre rôle en ce monde, écrivez.
« Efforcez-vous de mettre votre âme par écrit, même si personne ne vous lit – ou, pis, même si quelqu’un finit par lire ce que vous vouliez garder secret. Le simple fait d’écrire nous aide à organiser notre pensée et à discerner clairement ce qui se trouve autour de nous. Un papier et un stylo opèrent des miracles – ils soignent les douleurs, réalisent les rêves, restituent l’espoir perdu.
« Les mots ont un pouvoir. »
LES PERES DU DESERT affirmaient qu’il fallait laisser agir la main des anges. C’est pourquoi, de temps à autre, ils se livraient à des actes absurdes – par exemple, parler aux fleurs ou rire sans raison. Les alchimistes suivent les « signes de Dieu », des pistes souvent dépourvues de sens mais qui finissent par mener quelque part. Le maître dit :
«N’ayez pas peur que l’on vous traite de fou. Faites aujourd’hui une action qui n’a rien à voir avec la logique que vous avez apprise. Délaissez un peu le comportement sérieux que l’on vous a inculqué. Ce geste, si dérisoire soit-il, peut vous ouvrir les portes d’une grande aventure humaine et spirituelle. »
UN INDIVIDU se trouve au volant d’une luxueuse Mercedes-Benz quand un pneu crève. Alors qu’il s’apprête à le changer, il constate qu’il n’a pas de cric.
« Bon, je vais marcher jusqu’à la maison la plus proche et demander si l’on peut m’en prêter un », pense-t-il. Et il s’en va chercher du secours. « Peut-être que l’autre, vu la marque de ma voiture, voudra me faire payer pour le cric, se dit-il. Avec une voiture pareille, et comme je suis en position de demandeur, il va me réclamer dix dollars. Non, peut-être même cinquante, parce qu’il sait que j’en ai besoin. Il va en profiter, il est capable d’exiger jusqu’à cent dollars. »
Et plus l’homme marche, plus le prix du cric augmente.
Lorsqu’il arrive devant la maison et que le propriétaire lui ouvre la porte, l’individu s’écrie :
« Vous êtes un voleur ! Un cric ne vaut pas ce prix-là ! Vous pouvez le garder, votre cric ! »
Lequel d’entre nous oserait affirmer qu’il ne s’est jamais comporté ainsi ?
MILTON ERICKSON a inventé une thérapie qui a déjà fait des milliers d’adeptes aux Etats-Unis. A l’âge de douze ans, il contracta la poliomyélite. Dix mois plus tard, il entendit un médecin dire à ses parents : « Votre fils ne passera pas la nuit. »
Erickson entendit sa mère pleurer. « Qui sait ? Si je passe la nuit, peut-être ne souffrira-t-elle pas autant », pensa-t-il. Et il décida de ne pas dormir jusqu’au lever du jour. Le lendemain matin, il cria à sa mère : « Tu vois, je suis toujours en vie ! »
La joie fut si grande dans la maison qu’il décida de tenir bon de jour en jour afin de remettre à plus tard la souffrance de ses parents.
Il mourut en 1990, à l’âge de soixante-quinze ans, laissant un ensemble d’ouvrages essentiels sur l’extrême capacité que possède l’homme de dépasser ses propres limites.
« SAINT HOMME, dit le novice au père supérieur, mon cœur est empli d’amour et mon âme n’est pas corrompue par les tentations du Diable. Quelle est pour moi la prochaine étape ? »
L’abbé demanda à son disciple de l’accompagner dans sa visite auprès d’un malade auquel il devait donner l’extrême-onction. Après qu’ils eurent réconforté la famille, l’abbé remarqua une malle dans un recoin de la maison.
« Qu’y a-t-il dans cette malle ? demanda-t-il.
— Des vêtements que mon oncle n’a jamais portés, répondit le neveu du défunt. Il avait toujours pensé que l’occasion se présenterait de les mettre, mais ils ont fini par pourrir. »
« N’oubliez pas cette malle », dit le père supérieur à son disciple, quand ils furent sortis. « Si vous avez dans le cœur des trésors spirituels, mettez-les en pratique tout de suite, ou bien ils pourriront. »
SELON LES MYSTIQUES, lorsque nous entreprenons notre chemin spirituel, nous sommes si désireux de parler à Dieu que nous n’écoutons pas ce que Lui a à nous dire. Le maître dit :
« Détendez-vous un peu. Ce n’est pas si facile. Par nature, nous avons besoin de toujours bien faire, et nous pensons que nous y parviendrons si nous travaillons sans répit.
« Il est important de tenter, de chuter, de nous relever et de poursuivre. Mais laissons Dieu nous aider. Au milieu d’un grand effort, regardons en nous-mêmes et laissons-Le Se révéler et nous guider.
« Permettons-Lui, de temps à autre, de nous prendre sur Ses genoux. »
UN ABBE du monastère de Sceta reçut un jour la visite d’un jeune homme désireux de suivre la voie spirituelle.
« Pendant une période d’un an, donnez une pièce à quiconque vous agressera », lui recommanda l’abbé.
Pendant douze mois, le garçon s’exécuta. A la fin de l’année, il retourna voir l’abbé pour connaître l’étape suivante.
« Allez en ville acheter de la nourriture pour moi », lui dit ce dernier.
Sitôt le garçon parti, l’abbé se déguisa en mendiant et, prenant un raccourci, il se rendit à la porte de la cité. Lorsqu’il vit le jeune homme s’approcher, il se mit à l’insulter.
« Formidable ! s’exclama celui-ci. Pendant toute une année, j’ai dû payer tous ceux qui m’agressaient. A présent, je peux être agressé gratuitement, sans que cela me coûte un sou ! »
Entendant cela, l’abbé ôta son déguisement.
« Vous êtes prêt pour l’étape suivante, lui dit-il, vous parvenez à rire de vos problèmes. »
LE VOYAGEUR se promenait avec deux amis dans les rues de New York lorsque soudain, au milieu d’une conversation banale, ceux-ci se mirent à se disputer, prêts à en venir aux mains.
Plus tard, lorsque les esprits furent apaisés, ils s’attablèrent dans un bar. L’un d’eux présenta ses excuses à l’autre : « J’ai remarqué qu’il était beaucoup plus facile de blesser les gens qui nous sont proches, dit-il. Si vous aviez été un étranger pour moi, je me serais contrôlé davantage. Mais justement, comme nous sommes amis et que vous me comprenez mieux que quiconque, j’ai fini par me montrer très agressif. Telle est la nature humaine. » Telle est peut-être la nature humaine, il n’en demeure pas moins que nous devons lutter contre cette tendance.
IL Y A DES MOMENTS où, malgré notre désir de venir en aide à une personne en particulier, nous ne pouvons rien faire. Ou bien les circonstances ne nous permettent pas de l’approcher, ou bien la personne est fermée à tout geste de solidarité et de soutien. Le maître dit :
« Il nous reste l’amour. Dans les moments où tout le reste est inutile, nous pouvons encore aimer, sans attendre de récompense, de changement, de remerciements.
« Si nous parvenons à agir ainsi, l’énergie de l’amour commence à transformer l’univers qui nous entoure. Lorsque cette énergie apparaît, elle fait toujours son travail. »
LE POETE John Keats (1795-1821) donne une belle définition de la poésie – que nous pouvons aussi entendre, si nous le voulons, comme une définition de la vie :
« La poésie doit nous surprendre par son excès délicat, et non parce qu’elle est différente. Les vers doivent toucher notre frère comme si c’étaient ses propres mots, comme s’il se souvenait de quelque chose que, dans la nuit des temps, il connaissait déjà dans son cœur.
« La beauté d’un poème n’est pas dans la capacité qu’il a de faire plaisir au lecteur. La poésie est toujours une surprise, capable de nous couper la respiration à certains moments. Elle doit demeurer dans nos vies comme le coucher de soleil : miraculeux et naturel en même temps. »
IL Y A QUINZE ANS, à une époque de profonde négation de la foi, le voyageur se trouvait avec sa femme et une amie dans un restaurant à Rio de Janeiro. Ils avaient un peu bu quand survint un ancien compagnon, avec lequel ils avaient partagé les folies des années 1960 et 1970.
« Que fais-tu à présent ? demanda le voyageur.
— Je suis prêtre », répondit l’ami.
Quand ils sortirent du restaurant, le voyageur montra du doigt un enfant qui dormait sur le trottoir.
« Tu vois comment Jésus se soucie du monde ? fit-il.
— Bien sûr que je le vois ! répondit le prêtre. Il t’a mis cet enfant sous les yeux pour s’assurer que tu le voies et que tu puisses faire quelque chose. »
UN GROUPE DE SAGES JUIFS se réunit pour tenter d’élaborer la Constitution la plus courte du monde. Si, dans le laps de temps qu’il faut à un homme pour se tenir en équilibre sur un pied, l’un d’eux était capable de définir les lois devant régir le comportement humain, il serait considéré comme le plus grand des sages.
« Dieu punit les criminels », dit l’un.
Les autres objectèrent que ce n’était pas une loi, mais une menace ; et la phrase ne fut pas retenue.
A cet instant se présenta le rabbin Hillel. Debout sur un pied, il déclara :
« Ne fais pas à ton prochain ce que tu détesterais qu’on te fasse ; voilà la Loi. Tout le reste n’est que commentaire juridique. »
Et le rabbin Hillel fut considéré comme le plus grand sage de son temps.
L’ECRIVAIN George Bernard Shaw remarqua chez son ami le sculpteur Jacob Epstein un gros bloc de pierre.
« Qu’allez-vous faire de ce bloc ? demanda Shaw.
— Je ne sais pas encore, je suis en train d’y réfléchir. »
Shaw se montra surpris : « Cela signifie-t-il que vous planifiez votre inspiration ? Ne savez-vous pas qu’un artiste doit être libre de changer d’avis quand il le désire ?
— C’est exact quand vous n’avez, si vous changez d’avis, qu’à déchirer une feuille de papier de cinq grammes. Quand vous avez affaire à un bloc de quatre tonnes, vous devez procéder autrement », expliqua Epstein.
Le maître dit :
« Chacun de nous connaît la meilleure manière de faire son travail. Seul celui qui réalise une tâche en connaît les problèmes particuliers. »
FRERE JEAN PENSA : « Je voudrais ressembler aux anges, qui ne font rien et passent leur temps à contempler la gloire de Dieu. » Le soir même, il quitta le monastère de Sceta et s’en fut dans le désert.
Une semaine plus tard, il revint. Le frère portier l’entendit frapper à l’entrée et demanda qui était là. « Je suis frère Jean, répondit-il. J’ai faim.
— Impossible, objecta le frère portier. Frère Jean se trouve dans le désert, il se change en ange. Il ne sent plus la faim, et il n’a nul besoin de travailler pour se nourrir.
— Pardonnez mon orgueil, reprit frère Jean. Les anges assistent les hommes. Tel est leur travail, c’est pourquoi ils contemplent la gloire de Dieu. Je peux contempler cette gloire tout en faisant mon labeur quotidien. »
En entendant ces paroles d’humilité, le frère ouvrit la porte du monastère.
DE TOUTES LES PUISSANTES ARMES de destruction que l’homme a été capable d’inventer, la plus terrible, et la plus lâche, est la parole.
Les poignards et les armes à feu laissent des traces de sang. Les bombes détruisent des édifices et des rues. Les poisons peuvent être détectés.
Le maître dit :
«La parole peut détruire sans laisser de trace. Des enfants sont conditionnés pendant des années par leurs parents, des hommes impitoyablement critiqués, des femmes systématiquement massacrées par les commentaires de leurs conjoints. Des fidèles sont maintenus loin de la religion par ceux qui se jugent capables d’interpréter la voix de Dieu.
« Veillez à ne pas utiliser cette arme. Veillez à ce qu’on n’utilise pas cette arme contre vous. »
WILIAMS ESSAIE de décrire une situation très étrange :
« Imaginez une vie de perfection. Vous êtes dans un monde parfait, avec des gens parfaits, vous avez tout ce que vous voulez, tout le monde fait tout parfaitement, au bon moment. Dans ce monde, vous avez tout ce que vous désirez exactement comme vous l’avez rêvé. Et vous pouvez vivre aussi longtemps que vous le souhaitez.
« Imaginez qu’au bout de cent ou deux cents ans vous vous asseyiez sur un banc d’une propreté immaculée dans un cadre magnifique, et que vous pensiez : « Quel ennui ! Il manque l’émotion ! » A cet instant, vous voyez devant vous un bouton rouge sur lequel est écrit : « Surprise ».
« Après avoir considéré tout ce que ce mot signifie, appuyez-vous sur le bouton ? Evidemment ! Alors vous entrez dans un tunnel noir, et vous en ressortez dans le monde où vous vivez en ce moment. »
UNE LEGENDE du désert raconte l’histoire d’un homme sur le point de changer d’oasis, qui chargeait ses bagages sur son chameau. Il empila les tapis, les ustensiles de cuisine, les malles de vêtements, et le chameau tint bon.
Au moment de partir, l’homme se souvint d’une belle plume bleue que son père lui avait offerte. Il décida de l’emporter elle aussi et la posa sur la monture. A cet instant, l’animal s’effondra sous le poids et mourut.
« Mon chameau n’a pas supporté le poids d’une plume », a sans doute pensé l’homme.
Parfois, nous disons la même chose de notre prochain, sans comprendre que notre plaisanterie a peut-être été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase de la souffrance.
« ON S’HABITUE parfois tellement à ce que l’on voit dans les films que l’on en vient à oublier la véritable histoire », fait remarquer quelqu’un au voyageur, tandis qu’il contemple le port de Miami. « Vous souvenez-vous des Dix Commandements ?
— Bien sûr. Moïse – Charlton Heston – lève son bâton, les eaux s’écartent, et le peuple hébreu traverse la mer Rouge.
— Dans la Bible, c’est différent, dit l’autre. Là, Dieu ordonne à Moïse : « Dis aux fils d’Israël de se mettre en marche. » C’est seulement une fois qu’ils ont commencé à marcher que Moïse lève son bâton et que la mer Rouge s’écarte. Parce que seul le courage sur le chemin permet au chemin de se manifester. »
CE FRAGMENT a été écrit par le violoncelliste Pablo Casais :
« Je suis perpétuellement en train de renaître. Chaque matin est le moment de recommencer à vivre. Il y a quatre-vingts ans que je débute la journée de la même manière, et ce n’est pas une routine mécanique, mais quelque chose d’essentiel à mon bonheur.
« Je me réveille, je me mets au piano, je joue deux préludes et une fugue de Bach. Ces morceaux fonctionnent comme une bénédiction pour ma maison, mais c’est aussi une manière de reprendre contact avec le mystère de la vie, avec le miracle de faire partie de l’espèce humaine.
«Bien que j’agisse ainsi depuis quatre-vingts ans, la musique que je joue n’est jamais la même, elle m’apprend toujours quelque chose de nouveau, de fantastique, d’incroyable. »
LE MAITRE DIT :
« D’une part, nous savons qu’il est important de chercher Dieu. De l’autre, la vie nous éloigne de Lui. Nous nous sentons ignorés par la Divinité, ou bien nous sommes accaparés par notre quotidien. Il en résulte un sentiment de culpabilité : nous pensons soit que nous renonçons à la vie à cause de Dieu, soit que nous renonçons à Dieu à cause de la vie. Ce conflit apparent est une illusion : Dieu est dans la vie, et la vie est en Dieu. Il suffit d’en avoir conscience pour mieux comprendre le destin. Si nous parvenons à pénétrer dans l’harmonie sacrée de notre quotidien, nous serons toujours sur la bonne voie, et nous accomplirons notre tâche. »
LA PHRASE EST de Pablo Picasso : « Dieu est un artiste. Il a inventé la girafe, l’éléphant et la fourmi. En vérité, il n’a jamais cherché à se donner un style, il a simplement fait tout ce qu’il avait envie de faire. »
Le maître dit :
« Quand nous faisons nos premiers pas sur notre chemin, une grande peur nous saisit. Nous nous sentons obligés de tout faire à la perfection. Mais au bout du compte, puisque chacun de nous n’a qu’une vie, qui a invente le modèle de cette « perfection » ? Dieu a bien fait la girafe, l’éléphant et la fourmi – pourquoi aurions-nous besoin de suivre un modèle ?
« La seule utilité du modèle est de montrer comment les autres définissent leur propre réalité. Très souvent, nous admirons leurs modèles et nous sommes en mesure d’éviter les erreurs qu’ils ont déjà commises. Mais quant à vivre, eh bien, cela relève de notre seule compétence. »
PLUSIEURS JUIFS PIEUX priaient dans une synagogue quand ils entendirent une voix d’enfant qui disait : « A, B, C, D. »
Ils tentèrent de se concentrer sur les versets sacrés, mais la voix répétait : « A, B, C, D. »
Peu à peu, ils cessèrent de prier. Quand ils se retournèrent, ils virent un jeune garçon qui répétait encore : « A, B, C, D. »
Le rabbin s’approcha du gamin.
« Pourquoi fais-tu cela ? lui demanda-t-il.
— Parce que je ne connais pas les versets sacrés, répondit l’enfant. Alors, j’espère que si je récite l’alphabet, Dieu prendra les lettres pour former les mots qui conviennent.
— Merci pour cette leçon, dit le rabbin. Puissé-je confier à Dieu mes jours sur cette terre de la même manière que tu lui confies tes lettres. »
LE MAITRE DIT :
« L’esprit de Dieu présent en nous peut être décrit comme un écran de cinéma. Diverses situations y sont présentées : des gens s’aiment, des gens se séparent, on découvre des trésors, on explore des pays lointains.
« Quel que soit le film projeté, l’écran demeure toujours le même. Peu importe que les larmes roulent ou que le sang coule, rien ne peut atteindre la blancheur de la toile.
« Tel l’écran de cinéma, Dieu est là, derrière tous les malheurs et toutes les extases de la vie. Nous Le verrons tous lorsque notre film se terminera. »
UN ARCHER se promenait dans les environs d’un monastère hindou réputé pour la sévérité de ses enseignements lorsqu’il aperçut dans le jardin les moines qui buvaient et s’amusaient.
« Comment ceux qui cherchent le chemin de Dieu peuvent-ils être aussi cyniques ? s’exclama l’archer. Ils prétendent que la discipline est capitale, et puis ils s’enivrent en cachette !
— Si vous tirez cent flèches à la suite, qu’arrivera-t-il à votre arc ? interrogea le plus âgé des moines.
— Il se brisera, répondit l’archer.
— Si quelqu’un va au-delà de ses propres limites, sa volonté est pareillement brisée, expliqua le moine. Celui qui ne sait pas équilibrer le travail et le repos perd son enthousiasme et ne peut pas aller bien loin. »
UN ROI ENVOYA dans un pays lointain un messager porteur d’une proposition de paix qui devait être ratifiée. Voulant mettre à profit ce voyage, le messager en informa des amis à lui qui traitaient des affaires importantes avec le pays en question. Ces derniers lui demandèrent de patienter quelques jours et, en raison de l’accord de paix, ils rédigèrent de nouveaux ordres et modifièrent leur stratégie commerciale.
Quand le messager partit enfin, il était déjà trop tard pour signer la paix ; la guerre éclata, détruisant les plans du roi et les affaires des négociants qui avaient retardé le messager.
Le maître dit :
« Il n’y a qu’une seule chose importante dans nos vies : vivre notre Légende Personnelle, la mission qui nous a été destinée. Mais nous finissons toujours par nous encombrer de vaines occupations, qui détruisent nos rêves. »
DANS LE PORT de Sydney, le voyageur contemple le pont qui relie les deux parties de la ville quand un Australien s’approche et lui demande de lui lire une annonce dans le journal.
« Les lettres sont très petites, explique-t-il. J’ai oublié mes lunettes à la maison et je ne parviens pas à les déchiffrer. »
Le voyageur non plus n’a pas ses lunettes sur lui. Il s’en excuse auprès de l’homme.
«Alors il vaut mieux oublier cette annonce », remarque l’Australien après une pause. Puis, comme il désire poursuivre la conversation, il ajoute : « Il n’y a pas que nous deux, Dieu aussi a la vue fatiguée. Ce n’est pas qu’il soit vieux, c’est qu’il a fait ce choix. Ainsi, quand quelqu’un qui lui est très proche commet une faute, Il ne voit pas bien clair. Et, par crainte d’être injuste, Il pardonne.
— Mais alors, qu’en est-il des bonnes actions ? demande le voyageur.
— Eh bien, Dieu n’oublie jamais ses lunettes à la maison », dit en riant l’Australien, avant de s’éloigner.
« EXISTE-T-IL quelque chose de plus important que la prière ? » demanda le disciple à son maître.
Le maître lui indiqua un arbuste tout près de là et lui suggéra d’en couper une branche. L’autre obéit.
« L’arbre est-il toujours vivant ? interrogea le maître.
— Aussi vivant qu’avant, assura le disciple.
— Alors, retournez près de l’arbuste et coupez la racine.
— Mais si je fais cela, l’arbre va mourir.
— Les prières sont les branches de l’arbre, et sa racine s’appelle la foi, répliqua le maître. La foi peut exister sans la prière, mais la prière ne peut exister sans la foi. »
SAINTE THERESE D’AVILA a écrit :
« Souvenez-vous : le Seigneur nous a tous invités et, comme Il est la pure vérité, nous ne pouvons mettre en doute Son invitation. Il a dit : Que viennent à moi ceux qui ont soif, et je leur donnerai à boire.
« Si l’invitation n’avait pas été adressée à chacun d’entre nous, le Seigneur aurait dit : Que viennent à moi tous ceux qui le veulent, parce que vous n’avez rien à perdre. Mais je ne donnerai à boire qu’à ceux qui sont prêts.
« Il n’impose pas de conditions. Il suffit de marcher et de vouloir, et tous recevront l’Eau vive de Son amour. »
LES MOINES ZEN, quand ils veulent méditer, s’assoient devant un rocher : « Maintenant je vais attendre que ce rocher grandisse un peu », pensent-ils. Le maître dit :
« Tout, autour de nous, change sans cesse. Chaque jour, le soleil illumine un monde nouveau. Ce que nous appelons routine est rempli d’occasions nouvelles, mais nous ne savons pas voir que chaque jour est différent du précédent.
«Aujourd’hui, quelque part, un trésor vous attend. Ce peut être un petit sourire, ce peut être une grande conquête, peu importe. La vie est faite de petits et de grands miracles. Rien n’est ennuyeux, car tout change constamment. L’ennui n’est pas dans le monde, mais dans la manière dont nous voyons le monde.
« Comme l’a écrit le poète T. S. Eliot : Parcourir les routes / rentrer à la maison / et voir tout comme si c’était la première fois. »