52051.fb2
«Après avoir fait cet écrit, il le donna au juif, qui le mit dans son porte-lettres, et qui prit ensuite congé de lui. Pendant qu’Isaac poursuivait son chemin vers la ville, Bedreddin Hassan continua le sien vers le tombeau de son père Noureddin Ali. En y arrivant, il se prosterna la face contre terre, et, les yeux baignés de larmes, il se mit à déplorer sa misère. «Hélas! disait-il, infortuné Bedreddin, que vas-tu devenir? Où iras-tu chercher un asile contre l’injuste prince qui te persécute? N’était-ce pas assez d’être affligé de la mort d’un père si chéri? Fallait-il que la fortune ajoutât un nouveau malheur à mes justes regrets?» Il demeura longtemps dans cet état; mais enfin il se releva, et ayant appuyé sa tête sur le sépulcre de son père, ses douleurs se renouvelèrent avec plus de violence qu’auparavant, et il ne cessa de soupirer et de se plaindre jusqu’à ce que, succombant au sommeil, il leva la tête de dessus le sépulcre et s’étendit tout de son long sur le pavé, où il s’endormit.
«Il goûtait à peine la douceur du repos, lorsqu’un génie qui avait établi sa retraite dans ce cimetière pendant le jour, se disposant à courir le monde cette nuit, selon sa coutume, aperçut ce jeune homme dans le tombeau de Noureddin Ali. Il y entra; et comme Bedreddin était couché sur le dos, il fut frappé, ébloui de l’éclat de sa beauté…» Le jour qui paraissait ne permit pas à Scheherazade de poursuivre cette histoire cette nuit: mais le lendemain, à l’heure ordinaire, elle la continua de cette sorte: